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action publique le blog de jacques fournier ← articles plus anciens les dix-huit grands travaux d’un président normal on me trouvera sans doute ingrat et cruel. j’ai voté pour françois hollande aux primaires de la gauche en 2011. j’avais apprécié son action à la tête du ps. la vérité m’oblige à dire que je me suis trompé en pensant qu’il avait la stature d’un homme d’etat. son livre, » les leçons du pouvoir » , connait un grand succès de librairie. la lecture que je viens d’en faire confirme malheureusement la conclusion qui s’est imposée à moi au long du dernier quinquennat: nous avons porté au pouvoir un honnête homme, un habile politicien, mais, malgré toutes ses qualités, il n’était pas fait pour devenir président. la lecture est facile : pas de véritable talent littéraire, mais un français correct, une petite dose d’humour bon enfant, des descriptions souvent imagées qui répondent aux attentes du public, un bon sens partout affirmé, des louches de bons sentiments: l’ensemble est très accessible, même si, et peut-être parce-que, il ne sort pas souvent de la banalité. l’auto-satisfaction domine mais elle n’exclut pas l’autocritique, la seconde venant paradoxalement soutenir la première. le plan de l’ouvrage est parait-il « in », mais il reste pour moi déconcertant. là ou on attendrait un récit structuré, sur un mode chronologique ou démonstratif, on trouve une série de 18 séquences, toutes illustrées par un verbe à l’infinitif. p résider , décider , voyager , négocier , choisir , parler , réformer , voilà ce à quoi s’est attelé notre président, qui a eu aussi à faire face , affronter , réagir , regretter , punir , nommer et qui a même pris le temps de vivre, tout simplement j’ai oublié de dire qu’il lui a fallu aussi parfois rompre ou renoncer et qu’il a eu en une occurence au moins le tort de faire confiance (à macron, chapitre 15). il lui reste maintenant à espérer (18ème et dernier chapitre). chaque séquence regroupe les récits d’évènements isolés de leur contexte qui nous montrent un président attentif au sort des français. le lecteur prendra plaisir à découvrir le rituel du conseil de ministres. il suivra parfois avec amusement le chef de l’etat dans ses pérégrinations autour du monde, jusqu’au fond de la forêt colombienne . qui est à l’affût de détails croustillants sera déçu à la lecture du chapitre « vivre » où l’auteur garde sur ses relation avec ségolène, valérie ou julie une réserve de bon aloi. mais il y a dans l’ensemble de l’ouvrage suffisamment de faits concrets pour que l’attention soit entretenue et il y circule une bonne humeur communicative. des moments forts sont évoqués avec bonheur. on ne peut rester indifférent au récit qui nous est fait des conditions dans lesquelles françois hollande a su, avec courage et lucidité, « faire face » à la vague des attentats, qui, tout au long de son quinquennat, ont frappé notre pays. on doit lui être reconnaissant d’avoir su « décider » en temps et en heure de l’intervention de la france au mali. nombre d’évènements sont évoqués avec tact et pédagogiquemet expliqués. ceci dit, pour qui cherche à mieux comprendre le fil de la politique menée et voudrait approfondir l’analyse de certains choix essentiels, la tâche est parfois difficile. ainsi en va-t-il pour la politique européenne. l’orientation majeure prise en 2012 de ne pas demander, contrairement à l’engagement pris au cours de la campagne, la renégociation du traité d’austérité budgétaire, n’est justifiée que de façon implicite et quelque peu inattendue ( on la trouve paradoxalement dans le chapitre intitulé « négocier « ), par l’adoption d’un pacte pour la croissance et l’emploi, qui était déjà dans les tuyaux et dont le mérite est attribué à « super mario » (monti), le président du conseil italien. « le sommet européen du 28 juin 2012 a été historique » nous dit l’auteur (page 162) en ajoutant : « l’a-t-on suffisamment dit? « . de fait on ne l’a pas dit, car ce n’était pas vrai. ce sommet qui nous est présenté comme un évènement majeur n’a eu en fait qu’une portée limitée. sa date marque pour la diplomatie française le début du processus qui, au long des années qui suivent, et quels qu’aient pu être les efforts par moments réussis pour redresser la barre, va progressivement décrédibiliser la volonté affichée par le président de donner un nouveau cours aux affaires européennes. sur l’évolution de la politique économique et le choix opéré à la fin 2012, dans la foulée du rapport gallois, d’une politique de l’offre, que concrétiseront le cice puis le pacte de responsabilité, les explications sont plus précises. françois holland se targue à juste titre d’avoir été, à partir de son expérience d’ancien membre de la cour des comptes, l’inventeur de la formule du crédit d’impôt, mais je suis moins sûr que lui, que ce fut une bonne idée. il se félicite à bon droit de la mise en place du compte personnel d’activité, mais c’est avec une certaine dose d’anticipation qu’il y voit la « sécurité sociale du prochain siècle ». des batailles courageusement menées à bien, comme celle du mariage pour tous, des succès incontestables, notamment celui de la cop 21, sont évoqués à bon droit. beaucoup de bonnes choses auront effectivement pu être faites au cours du quinquennat, notamment dans le domaine de l’éducation qui reste peu évoqué. au chapitre des regrets françois hollande range, non sans lucidité, divers évènements survenus au long du quinquennat, depuis la renonciation à se battre pour la reconnaissance du droit de vote des étrangers aux élections locales jusqu’au cafouillage sur la déchéance de nationalité, en passant par les conditions dans lesquelles il a fait voter la loi el khomri. il aurait pu sans doute en ajouter quelques autres concernant notamment les maladresses de sa communication, dont la publication par deux journalistes de monde, au plus mauvais moment pour lui, des entretiens qu’il leur avait accordés tout au long de son quinquennat n’a été qu’une illustration parmi d’autres. a de nombreuses reprises le livre évoque les rapports que françois hollande a entretenus avec les personnalités de son camp. la relation avec martine aubry, l’autre figure emblématique de la gauche en 2012, n’a pas été simple, mais ils ont eu l’un et l’autre la sagesse de ne pas la laisser dégénérer. des premiers ministres qui se sont succédés le premier, jean ayrault, l’aura fidèlement servi, le choix du second, manuel valls, fut une erreur sur laquelle il ne s’explique pas suffisamment, le dernier, bernard cazeneuve est décrit avec la considération qu’il mérite. vis à vis de christiane taubira les appréciations sont à juste titre élogieuses. l’émergence des jeunes pousses du parti socialiste ( najat vallaud belkacem, myriam elkhomri, mathias fekl et autres) est évoquée avec bienveillance. arnaud montebourg et sa fougue, benoit hamon et ses calculs sont bien saisis. il n’y a en revanche que quelques mots sur les frondeurs dont le président n’a visiblement pas apprécié le comportement – on le comprend -, mais au sujet desquels on aurait aimé qu’ il nous donne une analyse plus fouillée des tenants et aboutissants d’un conflit qui a miné son quinquennat. ce qui me frappe, en définitive, c’est l’incapacité dans laquelle s’est trouvé le président d’asseoir sur son camp l’autorité qui aurait dû découler de ses fonctions. c’est là qu’il a trouvé ses limites et c’est ce qui explique que, contrairement à ses prédécesseurs, il ne se soit pas trouvé en situation de postuler le renouvellement de son mandat. les deux derniers chapitres esquissent une réflexion sur la social-démocratie et le socialisme . » c’est pour moi la même chose » nous dit l’auteur, qui gomme ainsi allègrement toutes les distinctions, sans doute pour lui trop subtiles, que font à ce sujet nombre d’historiens ou de théoriciens de la pensée politique. le référéndum d’avril 2005 sur le traité constitutionnel européen aura été selon lui, pour la gauche française, l’équivalent du congrès de tours. la gauch